Dessine moi une maison écologique… : premier bilan du blog

Les composantes de l’habitat dit « écologique » dépassent largement les techniques de construction. Il ne suffit pas d’utiliser des matériaux bio-sourcés dans un environnement très vert pour faire une belle maison écologique.

La maison écologique idéale n’existe pas. Je vais m’efforcer toutefois de dresser ici un portrait robot. Un portrait qui ne ressemble pas vraiment à ma maison idéale d’il y a quelques années.

Pourquoi s’être lancé dans ce blog

« Soit nous sommes unis, soit nous sommes perdus »

Voici l’appel du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, qu’il lança lors de la conférence donnée au « Covering Climate Now » en septembre 2020.

Il précise ensuite : « Ils [les Etats mondiaux] doivent agir ensemble face à la menace climatique, bien plus grave que la pandémie en soi – c’est une menace existentielle pour la planète et nos vies mêmes ».

Le destin de l’humanité est lié aux décisions des grands consommateurs d’énergies et de ressources formés principalement par : Etats-Unis, Chine, Union Européenne, Japon, Inde, Russie.

Cependant, devant l’incapacité des pays à se mettre en action, je n’arrive pas à me résoudre à la fatalité.

Et je ne me sens heureux et responsable, aujourd’hui, que dans l’action qui me semble tendre vers une réintégration de nos gestes dans les cycles de renouvellement des ressources et des énergies, et dans le respect d’un monde dont les zones d’ignorance augmentent parallèlement à la progression de nos connaissances.

Ce constat mène à une forme d’humilité. Et aussi, au plaisir de la contemplation d’un monde dont la beauté est d’autant plus touchante quand on prend conscience de sa fragilité.

Le point de départ

Il y a un peu plus d’un an, ma famille et moi avons réalisé un tournant à 180° par rapport à notre vie antérieure. (Je vous invite à découvrir les activités de ma femme ici, autour de l’alimentaire, du vrac et de la consigne).

Oui, on peut réaliser ses rêves. Je me suis permis de me lancer dans le secteur qui m’enthousiasme avec un sens fort. Informations scientifiques, expérience personnelle, retours d’experts et d’habitants convergent dans le même sens. On peut construire différemment, et vivre dans des habitats moins énergivores, plus confortables, dans le respect de l’environnement.

Et l’on peut puiser ses sources d’inspiration aussi bien dans le passé, sur les 5 continents, que dans le vivant (biomimétisme) ou les nouvelles technologies.

Aucune ne mérite un usage exclusif, ou une reproduction aveugle. L’humilité est de mise. Et la remise en question une méthode. Encore faut-il trouver les motivations pour regarder…

Et oui, pourquoi remettre en question son mode de vie quand tout semble simple et confortable ?

Mon premier rêve

C’était les earthshelters. Des maisons semi-enterrées. Sans savoir trop pourquoi, j’étais fasciné par ces maisons qui s’intègrent au paysage. Le toit végétalité permet à la maison de s’intégrer et de vivre avec les éléments, la flore, le rythme des saisons sans impact visuel fort. La terre apporte l’inertie qui permet d’avoir une régulation naturelle de température.

La Comté, village de maisons enterrées des Hobbits
La Comté, le village de maisons enterrées des Hobbits. Nouvelle Zélande

A l’époque, je cherchais un habitat isolé, proche de la nature.

Plus on était immergé dans la végétation, avec un paysage à couper le souffle. Mieux c’était.

C’était avant. Avant que je ne découvre et rencontre des personnes formidables qui m’ont fait profondément évoluer.

Ainsi que ma perception des contraintes.

Et étrangement, cela joue aussi sur la notion de confort, de praticité, de luxe. Les besoins évoluent. Sans doute parce que les zones d’influences évoluent aussi.

Les fondamentaux

Voici ce que je retiens de mes rencontres, articles, livres, vidéos, expériences.

Je ne les tiens pas comme immuables et universels. Mais ils me semblent convenir à beaucoup d’habitats, individuels ou collectifs. Quel que soit le profil des habitants.

Utiliser l’existant, pour de vrai

Une civilisation qui ne s’inscrit pas dans les rythmes de son écosystème n’est pas durable. Elle en vient nécessairement à épuiser les ressources, à s’étaler aux détriments des autres espèces qui participent à l’équilibre durable des développements et des adaptations de chaque membre de cet écosystème.

Les études récentes nous montrent la complexité des interactions et des effets de seuil. Un point de bascule qui provoque le développement ou l’extinction.

Ce qui existe déjà a passé l’épreuve du temps. Une maison qui a 30, 50, 100, 200, 400 ans et plus a été soumise aux arbitrages de générations d’habitants :

Chaque génération confrontée à sa démographie, son économie, son climat, son standard de confort, se repose la question de la pertinence de l’existant et cherche à l’améliorer.

Nous faisons de même, mais parfois avec une lentille qui ne prend pas en compte tous les paramètres.

Notre époque se focalise sur la raison économique et depuis très récemment, la gestion des ressources.

Or, les ressources n’ont que faire de notre raison économique.

Les ressources : un problème qui n’est pourtant pas propre à notre époque

Quand on regarde les techniques de construction dans l’histoire, on remarque que, mis à part la construction de monuments emblématiques qui faisaient fi de l’origine des matériaux et pouvaient voyager sur des milliers de kilomètre (des blocs de marbres par exemple…), les techniques étaient intimement liées à la disponibilité des matériaux. En effet, le transport était beaucoup plus compliqué qu’aujourd’hui.

Là aussi, le temps a éprouvé les techniques régionales qui s’adaptaient aux ressources et au climat :

Association de la pierre et du bois en montagne, pierres dans le sud, torchis à l’est, pisé autour de Lyon, pierres en Bretagne…

La rénovation

D’une manière générale, la rénovation nécessite moins de ressources que la construction. De ressources physiques et énergétiques.

Mais financièrement, ce n’est pas toujours le cas. Jeu du marché, normes, prix de la main d’oeuvres et des matériaux font parfois pencher la balance vers la destruction/reconstruction.

C’est tellement simple d’appeler une entreprise de démolition et de partir d’une feuille gommée. J’ai entendu un investisseur qui disait froidement qu’il valait mieux raser une manoir en pierres de tailles pour construire quelque chose de plus rationnel économiquement parlant. Je vous laisse imaginer le coût de destruction et de construction de 800m2. J’entends le coût en ressource et en énergie…

Construire ou rénover ?

Du point de vue des ressources et de l’émission de CO2, nous avons tout intérêt à rénover. Je vous suggère la lecture de cet article canadien. Il souligne ainsi que la rénovation permet de « détourner des milliers de tonnes de déchets des sites d’enfouissement », de moins perturber la végétation, et déviter l’érosion et les effets néfastes sur les milieux naturels » des étalements urbains. « Tout ceci peut se calculer sous forme d’énergie grise, ou intrinsèque. »

Suite à l’étude de documents sur la conservation des bâtiments, l’article conclut que : « l’énergie supplémentaire et le carbone nécessaires au remplacement des bâtiments existants par de nouvelles constructions sont contreproductifs.Il vaut mieux se consacrer à la rénovation du cadre existant. »

L’économie en émission de CO2 par exemple peut être divisée par deux.

Même face à une construction neuve hyper performante, on s’aperçoit que le gain en énergie grise ou intrinsèque de la rénovation est immédiat. Et que même sur le long terme (voir ci-dessous) le gain reste faible alors que les paramètres vont continuer à évoluer.

Alors que le tournant de la crise climatique se joue aujourd’hui…

@grist.org

Alors, on ne devrait plus construire ?

Et bien non, bien sûr ! Car la population continue de s’accroître. Dans certains cas, la densification est indispensable pour répondre à la demande (maison remplacée par un immeuble). Et dans d’autres cas, la construction est trop fragile pour pouvoir être réhabilitée durablement.

La performance de la rénovation en question

Il y a beaucoup à dire sur les performance de la rénovation. Et les normes définies sur les performances énergétiques des bâtiments neufs orientent le débat et les arbitrages sur des voies parfois absurdes quand on prend en compte la durée de vie de ces aménagements et « améliorations » énergétiques, de l’énergie grise nécessaire, des ressources et matériaux, parfois importés depuis très loin.

On pourrait simplement viser la pertinence…

Une « rénovation pertinente » pourrait prendre le bâtiment globalement, en tenant compte du confort des habitants, de la consommation énergétique, de la durabilité et de la fiabilité des technologies utilisées, de la prise en compte de la nature des matériaux existants, de la manière de les compléter pour apporter de l’inertie thermique, de la régulation hygrométrique, indispensables au confort des habitants.

Car une température locale de 19° n’est pas gage de confort et de sensation de chaleur ou de fraîcheur…

Bref la rénovation ne peut exprimer tout son potentiel face aux enjeux d’aujourd’hui que si elle reprend ce concept de « pertinence » sur lequel je reviendrai, et sur lequel, semble-t-il, peu de personnes disposent de toutes les compétences nécessaires.

La taille

Vivre dans « petit », pour mener la « grande » vie

Là aussi, j’ai beaucoup évolué. Peut-être connaissez-vous la chaîne Living Big In A Tiny House ?

Tout est dans le titre.

Cahute, modèle Classic
Cahute, modèle Classic

Après avoir vécu dans 700m2, dans un studio, puis ne plus avoir de maison pendant un an. J’ai quelques moyens de comparaison, et je me demande : « qu’en retiens-tu ? »

  1. Avoir une, plusieurs grandes maisons, cela peut apporter une fierté, des souvenirs, des joies, alimenter une passion pour les belles pierres, la décoration… Mais la contrepartie est lourde : il faut y consacrer beaucoup d’énergie (personnelles et physiques), de temps, des ressources. Donc une aisance financière souvent chèrement payée ou non-atteinte. Si bien que l’on ne profite pas vraiment de ce que l’on possède. Et…
  2. Parfois, on ne sait plus qui possède qui.
  3. Le besoin de surface est très relatif et n’est pas un paramètre déterminant à lui seul. La lumière, l’ouverture sur l’extérieur, l’aménagement, le confort, le temps passé chez soi, le nombre « de ses possessions » accumulées sont aussi déterminants
  4. la proximité des lieux de vie, la disponibilité des services sont attractives. Mais là encore, ce n’est pas parce que c’est sympa le premier jour qu’on en profitera chaque jour. C’est parfois plus un sentiment d’appartenance, d’être là où il faut… Mais est-ce que cet endroit me convient parfaitement ?
  5. l’accès plus ou moins immédiat à la nature, à l’horizon, à la végétation est juste fondamental, même en centre ville.
  6. et vivre dedans-dehors agrandit les volumes, et donne tout leur sens aux petites surfaces.

Par exemple, le concept de Tiny House peut paraitre complètement aberrant. 15M2 pour vivre à 4. C’est trop petit pour être légal ! Voici encore un article qui relate l’interdiction faite à une famille Bruxelloise de vivre dans une Tiny House.

Vivre dans un studio de 15 M2 à 4 dans un immeuble ou dans une Tiny, ça n’a rien à voir. Déjà parce que l’on vit beaucoup hors de sa Tiny. L’accès à l’extérieur est permanent et constitue littéralement un prolongement de sa maison.

Et cela change tout.

Le transport

Limiter les déplacements

Selon la situation de son logement par rapport aux activités indispensables, des transports vont être incontournables. Lieu de travail, de ravitaillement, d’équipement, écoles, lieux de loisirs… Si le logement nécessite systématiquement l’utilisation de son véhicule particulier, le bilan carbone peut sévèrement s’alourdir.

D’une manière générale, plus les services et les d’activité sont proche de son domicile, plus le bilan global de l’habitat est allégé.

Pour se donner un ordre d’idée, voici les émissions de CO2 pour se rendre sur son lieu de travail selon différents moyens de transport et différentes distances :

Co2- transport lié à activité professionnelle
Co2 émis en un an- transport lié à activité professionnelle
Source : autobiz,
En g/km/passager – Base 212 jours travail par an
*Colonne 1 cas si 4 passagers dans véhicule individuel. Sans prise en compte des énergies grises liées à la construction du véhicule, des routes, des chemins de fer…
CO2 transport
CO2 émis en Avion par destination en g/passager pour un aller-retour.

Que retenir de ses deux tableaux :

  • Les émissions de CO2 ont un rapport de 1 à 3 entre une petite voiture et une grosse berline.
  • l’impact de la voiture individuelle par rapport au train va de 1 à 15.
  • et naturellement plus le nombre de kilomètres est important, plus l’émission de CO2 est conséquente et peut aller jusqu’à être équivalente aux émissions liées au chauffage de sa maison

On comprend alors l’importance de l’emplacement de son habitat par rapport à ses activités contraintes.

On peut gagner 10%, 15%, même 50% de ses émissions de gaz à effet de serre en améliorant la performance énergétique de son habitat. Mais on peut faire beaucuop mieux en changeant de moyen de locomotion ou en rapprochant son habitat de son lieu de travail par exemple.

Et paradoxalement, plus on favorise les déplacements (en ajoutant des voies sur une autoroute par exemple), plus on rend possible les déplacements, et donc favorise… la consommation d’énergie (surtout fossile), l’usure des véhicules, etc…

Les transports doux, marche, vélo ont non seulement un impact sur les énergies consommées (surtout carbonées) et sur notre santé. Dans l’idéal, les activités domestiques et professionnelles devraient pouvoir se faire dans un rayon de moins de 10km.

Quand à l’avion, son usage doit être très réfléchi… Je vous laisse faire quelques comparaisons avec le tableau ci-dessus.

L’énergie

Paramètres énergétiques et émissions de CO2

Considérons maintenant les besoins en énergie nécessaires pour un habitat (hors transport, construction, rénovation donc).

  • se chauffer (chauffage et eau chaude sanitaire)
  • se rafraîchir (on risque d’en avoir de plus en plus besoin en France…)
  • s’éclairer, et l’usage de tous les appareils domestiques et techniques.

Voyons tout d’abord quelques chiffres pour avoir un ordre idée.

Si l’on prend en compte l’électricité qui est majoritairement nucléaire, le chauffage électrique, surtout issu de PAC (pompe à chaleur) est celui qui consomme le moins de CO2. Jusqu’à 7 fois moins en comparaison au fuel et de 4 fois moins avec le gaz naturel. Un appartement en ville va également émettre par M2 moins qu’une maison individuelle du fait de la diffusion inter-logements des calories. En gros, chacun chauffe un peu son voisin.

Et d’une manière générale, les appartements sont en moyenne plus petits que les maisons. Ils mutualisent également les matériaux de construction (un mur profite à plusieurs logements).

En moyenne, le chauffage électrique émet 10kg de CO2/an/m2.

Pour une maison de 100m2, chauffée au fuel, il faut compter, en moyenne 7 000 kg de CO2 émis par an, 4 500kg si on utilise du gaz, et 1 000kg en électrique.

Et pour un appartement, il faut enlever, toujours en moyenne, 40% de ces émissions.

Utilisation de l’énergie disponible.

La production de nos énergies se caractérise par la concentration de la production.

Et si nous utilisions les énergies produites localement (et donc décentralisées) ?

Faisons un petit tour d’horizon des solutions…

Il y a énormément de paramètres à prendre en compte. Nous avons en France choisi de centraliser la production d’énergie électrique par exemple. Ce qui est très confortable pour tout le monde :

  • planification plus simple des constructions des centrales, des usages
  • une fois le réseau construit, il suffit d’appeler l’installateur pour s’abonner, ou de dépenser un peu (voire beaucoup : certification consuel, frais de raccordement…), pour se connecter au réseau.
  • adaptation de la production à la demande, quel que soit la saison

Avec quelques zones d’ombres : matières première énergétiques quasi inexistantes aujourd’hui en France, cours fluctuants du pétrole et du dollar, tensions géopolitiques…

Sans compter les déperditions (transport de l’électricité par exemple) et le coût énergétique du transport, voire les catastrophes inhérentes aux accidents (oléoducs, pétroliers qui s’échouent, pipe line en zone profonde qui fuit… beaucoup ).

Nous considérons que les risques liés à ces énergies sont acceptables.

Mais pourrait-on faire autrement ?

Peut-être…

  • si on utilise mieux l’énergie à l’origine des hydrocarbures, des vents, des pluies, présentes partout sur terre. Certes par intermittence, mais quand même… J’ai nommé l’énergie solaire.
  • que l’on peut compléter avec les propriétés physique de matériaux peu transformés que l’on a en abondance : terre, bois (pour faire large, biosourés) végétaux, pierre… Des matériaux dont on peut utiliser les propriétés de déphasage. (voir la vidéo)
  • et des techniques adaptés.

Je n’ai pas la place ici de développer. Mais l’idée est simple : plutôt que de tout baser partout sur des grosses unités de production, il s’agirait de placer de plus petites unités à l’échelle d’un groupe d’habitations, voire d’habitats individuels.

Et par exemple voici un principe qui est assez « simple » (enfin, qui pourrait l’être si répandu) :

  • panneaux solaires thermiques pour chauffer l’eau chaude sanitaire couplé à un système de chauffage central (les panneaux solaire thermiques nécessitent peu d’entretien et pas de terres et métaux rares, et ont la bonne idée de ne pas couter cher)
  • couplé à un poêle à bois bouilleur haute performance (à double chambre de combustion, il faut un peu investir)
  • lui même couplé à un ballon qui permet d’emmagasiner la chaleur du poêle et de la diffuser sur plusieurs jours dans toutes les pièces.
Poele à bois bouilleur
Poêle à bois bouilleur. @ photo MCZ. Il faudrait ajouter les panneaux solaires thermiques et le ballon pour compléter ce schéma.

Le poêle émet de la chaleur qui alimente en eau chaude le chauffage central et la pièce où il se trouve. La chaleur en excès passe dans le ballon. Le poêle à bois est alimenté par une production locale. Sa consommation est très faible.

Ce système est amplifié par des principes bioclimatiques (orientation des ouvertures), isolation et utilisation du déphasage pour rafraîchir ou diffuser la chaleur selon la saison.

Les qualités hygrométriques de matériaux tels que le bois, les enduits terres ou chaux permettent un niveau idéal de confort autour de 40 à 60% d’humidité.

Pas besoin de faire une boîte complètement hermétique et de faire la chasse aux pertes de calories en déployant des moyens parfois disproportionnés ou des technologies fragiles (ventilations doubles flux).

Sans compter le confort et la sensation de bien-être apporté par des enduits terres, le bois et d’autres matériaux bio-sourcés. Essayez une maison traditionnelle japonaise, juste pour ressentir…

Les ressources locales

Nous ne reviendrons pas sur l’intérêt d’utiliser des techniques de construction régionales utilisant des matériaux locaux, ainsi que l’intérêt des circuits courts pour l’alimentation. Ce sujet est largement traité.

L’alimentation

Je témoignerais juste que depuis que je me nourris de produits de saisons, non transformés, faiblement carnés et d’origine locale, j’ai l’impression de redécouvrir ce que signifie s’alimenter : les légumes sans traitement, pleine terre, consommés rapidement après la récolte ont une saveur insoupçonnée.

Je réapprend à cuisiner, à assaisonner, à utiliser herbes et épices, d’autres modes de cuissons. Un nouvel univers de saveurs qui rendent, en comparaison et de manière surprenante, assez fade les viandes rouges…

Ces légumes, féculents, légumineuses qui étaient relégués au rôle d’accompagnement, se retrouvent sous le feu des projecteurs. Et vous savez quoi ? Ils assument pleinement le devant de la scène. En jeune premier à qui on redonne sa chance et qui ringardise les vieilles stars…

Mais je m’égare un peu. Ce n’est qu’un cheminement personnel…

L’eau

Tout comme l’énergie solaire, l’air, elle est juste la base de la vie.

Elle est aujourd’hui traitée de manière concentrée et distribuée. Pourtant elle tombe du ciel partout. Pas uniformément certes. Mais je m’étonne des endroits où il suffit de tendre sa gourde, sa bouteille, son verre, pour la consommer.

Elle mérite du respect, cette eau. Une belle carafe. Y compris celle qui tombe du ciel.

L’eau de pluie…

Beaucoup de débats là encore sur l’eau de pluie. Est-elle consommable ? Les avis divergent. Entre la non minéralité, la présence de microparticules de plastiques et d’autres particules étonnement présentes, elle ne serait donc pas potable.

Et pourtant, combinée à une alimentation équilibrée, les minéraux dans l’eau ne seraient pas, selon d’autres études, indispensables. Il suffirait de la traiter juste avant de la consommer. Mais qui oserait prendre des risques sanitaires quand l’eau coule à flot (presque tout le temps et partout) de nos robinets ?

Toujours est-il que l’on peut la récupérer et la stocker pour des usages domestiques sans risque pour la santé : arrosage, lavages, et… toilettes.

Là encore, j’ai l’impression que des esprits commencent à bouger. Et pour certains, utiliser et souiller une matière aussi précieuse est assez incompréhensible. Surtout quand on pense au retraitement qu’il y a derrière.

Vous voyez ou je veux en venir ? :

  • filtration légère des eaux de pluies pour le lavage, l’arrosage, et filtration fine pour la cuisine (voire la consommation, mais j’avoue que sur ce sujet, j’ai encore besoin de me documenter, en tout cas pour envisager une consommation sur le long terme).
  • toilette sèche
  • phyto épuration
  • et mutualisation de ces installations, en particulier pour la phytoépuration qui nécessite beaucoup d’espace. Mais quand on exclut les toilettes, qu’on utilise un compost et que le lavage s’effectue avec des produits peu agressifs, le traitement de l’eau est nettement allégé.
Phytoepuration
Phytoépuration photo @ www.valeurenergiebretagne.fr

La sobriété heureuse ?

Le lessnes de Samuel Beckett le « plus de moins de choses »

Alors, je sais ce que certains pensent. « Encore un barré de la décroissance. »

Je commence par le but de l’économie formulé par un économiste (dont j’ai oublié le nom), lors d’un débat croissance/décroissance. Son point de vue consistait à dire que la croissance devait être redéfinie et que l’économie ne devait avoir qu’une finalité, le bonheur de l’humanité.

Est-ce que j’ai besoin de plus que nécessaire ? Qu’est-ce que le nécessaire ?

Difficile de répondre à cette question tant nous sommes sollicités et influencés. Mais avoir été confiné a déjà permis de prendre un peu de recul sur ses besoins profonds qui ne coïncident pas nécessairement avec ceux qui sont vantés et valorisés.

Casser le rythme, ça permet aussi de se rendre compte de ce qui va et ne pas va.

Pour ma part, je suis convaincu qu’il y a un seuil où les possessions n’apportent plus de bonheur et au contraire, contraignent, enferment, bloquent les énergies, les projets.

Prévenir les dangers

Posséder à quelque chose de rassurant. Mais, la peur ne doit pas gouverner les actes. Juste les border pour juger des dangers. Sans les surestimer. Notre cerveau a déjà fortement tendance à le faire. Inutile d’en rajouter. (Je vous conseille sur le sujet cette vidéo dans la série « crétin de cerveau » de la chaîne « sciences étonnantes »).

En conclusion, pas besoin de grands rangements si on n’a pas beaucoup de choses à utiliser et à entretenir. Ca libère du temps, des ressources pour faire autre chose et être plus créatif… en faisant déjà avec ce que l’on a.

Low tech ou high tech ?

J’ai toujours eu une sorte de fascination face à toute forme d’innovation. J’ai un a priori favorable à tout ce qui est nouveau avec un profil d' »early adopter ».

Or, il me semble paradoxalement que compte tenu de notre situation, l’innovation se situe plutôt du coté du low tech.

Internet a décomplexé les initiatives. Avec une idée, du temps et quelques euros, on peut rapidement la tester et la développer.

J’ai l’impression que cet esprit a débordé le digital. On ose se lancer avec pas grand chose et avec ce que l’on a. Encore une fois.

C’est l’occasion d’être inventif et de rechallenger les matériaux et tout ce qui nous entoure. Le principal blocage à l’innovation est psychologique. En fait, l’innovation, c’est juste déplacer le standard, changer des habitudes…

Notre principal ennemi, c’est nous-même et nos blocages. Je repense à Evelyne Adam, qui, pour construire sa première kerterre, a du se faire violence, parce qu’une femme, dans l’inconscient collectif, ne construit pas de maison. (voir la vidéo)

Evelyne Adam, créatrice des Kerterres

Le problème du high-tech, c’est la dépendance. Ce qui le rend fragile dans un monde où la durabilité va devoir s’imposer face au consommable.

Dépendances aux réseaux, à la disponibilité des énergies, à la maintenance, à l’obsolescence des protocoles… Et par ricochet, ces dépendance rejaillissent sur nous. Alors qu’on souhaitait se libérer des contingences pour plus de confort.

Finalement, on redécouvre dans l’habitat les propriétés de matériaux simples comme la terre, la pierre, le bois, la chaux, les végétaux comme le chanvre, la paille, le roseau, la laine… Et leurs propriétés incroyables… en comparaison de matériaux bien plus complexes à produire.

J’ai rencontré une ingénieur thermique qui travaillait dans un bureau d’études spécialisé dans les bâtiments dits écologiques. Après quelques années, elle a démissionné. Elle en avait assez de suivre des bâtiments automatisés, gérés selon des capteurs et des commandes qui dans le meilleur des cas fonctionnaient à la remise du bâtiment, mais dont personne ne savait plus se servir au bout d’un an.

La vie ensemble

Habiter quelque part, c’est habiter avec les autres, qui sont plus ou moins proches de nous. Mais avec qui on peut entretenir des liens et des relations qui vont de l’entraide à la gestion de… frictions.

Une étude qui dure depuis plus de 75 ans aux Etats-Unis en vient toujours à la même conclusion : c’est la qualité des nos relations aux autres qui est gage d’un bonheur durable et plus encore, d’une bonne santé !

Et force est de constater que la vie contemporaine tend à enfermer les individus sur eux-mêmes plus qu’elle ne favorise les rencontres. En fait, ce n’est pas totalement vrai. Les technologie de communication (incluant les réseaux sociaux, les messageries, les visions…) démultiplient les rencontres. Plus on communique, plus on multiplie les opportunités d’échanger.

Mais, comme dit plus haut, ce n’est pas la quantité mais la qualité des relations entre les individus qui est épanouissante.

Et pour compléter, ce propos, je mentionnerais la puissance du don et des quatre moments qui la composent (demander, donner, recevoir, rendre) qui crée le lien qui est la base de toutes sociétés. Je vous renvoie sur l‘interview de Jean-Edouard Grésy, anthropologue, docteur en médiation.

Au niveau de l’habitat, la vie avec ses voisins a aussi un impact écologique quand on considère par exemple :

  • la mise en commun des moyens et des espaces pour limiter les besoins en ressources et en bâtis (qu’on utilise peu quand ils sont individuels)
  • pouvoir compter un peu, beaucoup, passionnément sur ses voisins
  • co-produire une partie de son alimentation
Ecovillage démocratique de Pourgues
Ecovillage démocratique de Pourgues

En conclusion : A quoi ressemblerait donc le portrait de cet habitat durable ?

L’ habitat est à l’image de l’habitant. Il renvoie à nos valeurs propres, notre mode de vie, nos aspirations, notre histoire.

Cela explique pourquoi on en vient aujourd’hui à concevoir des petits habitats, légers, mobiles, à l’heure où la sédentarité et la valeur patrimoniale de l’habitat est la norme.

Et voilà donc à quoi ressemblerait cet habitat (du futur ?) : cet habitat

  1. se situerait sur un territoire à réinvestir: lotissements, villages abandonnés, centres villes délaissés
  2. serait entouré d’arbres et de plantes : pour apporter de la fraîcheur pendant les saisons chaudes, de l’intimité entre voisins, de la sérénité…
  3. aurait profité d’une rénovation pertinente sur les bases bioclimatiques et dans le respect de la structure du bâtiment et de ses qualités d’origine, en mettant le confort de l’habitant au centre
  4. et éventuellement d’extensions légères
  5. utiliserait les eaux de pluie et stockage selon leur usage (bassin, citernes)
  6. et serait le moins possible dépendant des réseaux
  7. profiterait d’un chauffage simple et efficace (tel que décrit plus haut, combinaison de technologies complémentaires et de combustibles durables)
  8. aurait une phytoépuration collective, et des toilettes sèches
  9. mettrait en commun de ressources entre voisins, moyens de transports (voiture, vélos…)
  10. aurait a proximité la possibilité de générer une auto production alimentaire, partielle mais significative
  11. aurait des accès faciles à des moyen de transport type train pour les trajets longs.
  12. et aurait accès à des savoir-faire et des artisans son entretien ainsi que celui lié à la production des énergies et des eaux.
  13. et surtout aurait a proximité les lieux d’activité professionnelle et de vie (loisirs…)

Alors, bien sûr, c’est un habitat qui décentralise la production des énergies et de la gestion de l’eau. C’est un parti pris qui ne peut être réalisé partout (compliqué dans les grandes agglomérations).

Mais quand c’est possible, pourquoi le négliger quand cela permet de limiter l’usage des énergies fossiles ou nucléaires, les pollutions liées à la concentration des moyens de productions ?

Merci pour avoir lu cet article, particulièrement long. Mais si vous en êtes arrivé à bout, peut-être avez vous des remarques, des réflexions, des désaccords profonds… Alors n’hésitez pas à me laisser un commentaire ! Je me ferai un plaisir d’y répondre !

Crédit photo : @Lamiot, GNU Free Documentation License

6 réflexions au sujet de “Dessine moi une maison écologique… : premier bilan du blog”

  1. Excellent article! Beaucoup de points que tu soulève sont très riches en réflexion. Mais celui qui m’a vraiment parlé c’est la taille de l’habitat. Nous vivons à 6 dans un appartement relativement grand, je l’avoue. Cependant, nous avons acheté une camping-car l’été dernier pour découvrir le monde (le monde proche pour le moment) et nous avons aucun problème à y vivre plusieurs semaines d’affilé. Lorsque nous sommes en voyage, nous avons peu d’espace intérieur, mais nous avons des jardins et des terrains de jeux, chaque jours diffèrent. Notre maison est la nature ! Ce qui rend la vie de nos enfants plus riche, je trouve !!!!

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  2. J’adore ce concept de petites maisons: « tiny house ». Quand j’étais en Angleterre, je regardais l’émission génial « amazing small places » de Georges Clarkes et c’était un régal. L’idée était de montrer comment des gens ordinaires pouvaient faire des choses extraordinaires avec un peu d’imagination. Ils avaient réhabilités ou construites des petits endroits pour leur servir de maison ou d’atelier et vraiment l’ingéniosité des anglais dans ce domaine m’épatera toujours ! C’est tout à fait dans l’air du temps, on ne peut plus écologique !

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  3. Totalement en phase avec votre conception du bien-vivre. J’adorerais créer ce hameau résilient avec toi et d’autres. Le critère (le risque !) qui nous semble le plus important (à ma femme et moi) pour passer à cette vie de partage, c’est la sélection mutuelle des voisins/co-habitants (PFH). C’est un engagement, quand-même !

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  4. Merci pour votre article ! Ma tiny house est actuellement mon projet de vie ! Je viens de faire poser mes fenetres par un menuisier challans maintenant je m’attaque à l’isolation des murs. Je pensais utiliser un moyen plus écologique que la laine de verre et partir sur du liège. qu’en pensez vous ? Est ce une bonne idée ?

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  5. Merci pour votre article ! J’ai toujours vécu dans des petits villages, des lieux dits avec une dizaines de maisons. Ma maison est actuellement en construction. je viens de faire poser mon isolation thermique bayonne . Je pose en ce moment mon placoplatre. Je cherche de la peinture écologique pouvez vous m’en conseiller ? Est ce une bonne idée ?

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