Valorisation de l’eau de pluie : Résultats du sondage

Suite à l’article “Comment utiliser l’eau de pluie pour son habitat ?”, j’ai diffusé un sondage destiné aux personnes qui valorisent leur eau de pluie. 

Qu’en pensent les usagers ? Sont-ils satisfaits de leur installation ? Comment la feraient-ils évoluer ?

Le sondage en résumé :

La majorité des personnes qui valorisent les eaux de pluie le font en récupération des eaux de toitures et les stockent dans des cuves en béton enterrées (33%) ou des cuves en polyéthylène (41%).

Les cuves en polyéthylène servent majoritairement à un stockage inférieur à 3m3, alors que celles en béton sont supérieures ou égales à 10m3 (plus de 87% des cas)

Les cuves en polyéthylène servent surtout à un usage dédié à l’extérieur (arroser, laver la voiture, abreuver des animaux, etc…), même si certaines personnes les utilisent pour alimenter la maison.

Cependant, compte tenu de la capacité de stockage limitée, on peut penser que la taille du foyer est réduite.

Lorsque l’on souhaite valoriser l’eau pour un usage domestique global (arrosage, entretien extérieur, intérieur, lessive, lave vaisselle, cuisson, et boisson), les cuves en béton sont privilégiées.

Globalement, tous les sondés sont satisfaits et recommandent fortement le principe de valorisation des eaux de pluie.

Aucun n’abandonnerait le principe et au contraire, tous souhaiteraient l’intensifier.

Nous apprenons ainsi que les personnes équipées de cuves en polyéthylène, si elles devaient faire évoluer leur installation, aimeraient passer à une cuve en béton de plus grande capacité.

Elles déclarent même que si cela avait été à refaire, elles seraient directement passées à une ou plusieurs cuves en béton, de manière à pouvoir s’assurer un maximum d’autonomie, y compris pendant les longues saisons sèches.

Concernant le système de filtration, la filtration fine avant stockage est recommandée car elle permet la conservation de l’eau dans de bonnes conditions et facilite l’entretien de la cuve.

Globalement, le système n’est absolument pas contraignant pour la grande majorité : les personnes sondées attribuent une note moyenne de 8,75/10 (58% jugent même la valorisation “pas du tout contraignante”).

L’entretien des filtres s’effectuent majoritairement une fois par semestre, et la cuve une fois par an, voire moins selon le système de filtration. Et par exemple, pour la cuve en béton avec une pré-filtration très fine, la fréquence d’entretien est largement inférieure à 1 an (entre 2 et… 10 ans)

Les utilisateurs, en particuliers des cuves en béton, sont les plus grands promoteurs de la valorisation de l’eau de pluie.

Voici les résultats détaillés. 

Je les ai complétés avec les commentaires d’un professionnel renommé, Thierry Mathon.

La motivation à la valorisation de l’eau de pluie ?

Pour la grande majorité des répondants, il s’agit d’abord d’une motivation écologique (79%).

La motivation économique vient nettement au second plan (58%).

16% n’avaient pas le choix car ils n’étaient pas raccordés au réseau.

Une faible partie a profité de travaux de toitures pour réaliser l’installation qui n’était donc pas la raison principale de cet aménagement.

D’autres raisons sont également ressorties dans les commentaires comme la qualité de l’eau (la douceur) qui permet de préserver le système de plomberie et d’électroménager. Ces derniers nécessitent moins d’entretien et voient leur durée de vie sensiblement augmentée.

Note du professionnel : 

L’économie financière liée à la douceur de l’eau et à la réduction de l’entretien du réseau et de la longévité de l’électroménager a été estimée à 800 € par an pour un foyer de 2 adultes un enfant.

Les types de cuves utilisées :

Les cuves en polypropylène sont les plus utilisées (42%) parmi les sondés. L’usage associé est essentiellement pour l’arrosage. Il faut dire que ce système est le plus simple et rapide à mettre en place pour cette fonction. 

Un tiers des sondés utilisent des cuves en béton.

Les autres systèmes mentionnés sont :

  • la bâche souple
  • le puits
  • la cuve maçonnée en chaux/pierre calcaire
  • un mix cuve/bidons.

Note du professionnel :

Si l’on prend en compte différents paramètres comme la durée de vie, le coût d’achat, la conservation de l’eau, les cuves en béton de 10m3 sont les cuves les plus efficaces pour un usage global.

On peut les transporter sans convoi exceptionnel, ce qui permet de maîtriser le coût par rapport à des volumes plus importants.

De plus, si l’on souhaite augmenter la capacité de stockage, il est plus simple de mettre plusieurs cuves en grappes, plutôt que d’en mettre une seule de plus grande capacité.

Dans quel cadre a été faite l’installation ?

Majoritairement, (+des deux tiers des répondants) les installations sont faites lors de rénovations ou de travaux dédiés à la valorisation d’eau de pluie sur un bâti existant.

Moins d’un tiers des installations ont été réalisées lors d’une construction.

A quelle occasion avez-vous fait votre installation de valorisation de l'eau de pluie
A quelle occasion avez-vous fait votre installation de valorisation de l’eau de pluie

A quelle occasion avez-vous réalisé l’installation de récupération des eaux de pluie ?

Cela est assez révélateur de la faible promotion de la valorisation des eaux de pluie en France. 

Les chiffres auraient été très certainement différents en Belgique où l’on installe une cuve systématiquement lors de la construction individuelle pour l’injection des eaux de pluie destinée à l’arrosage, l’entretien de la voiture, les toilettes…

Capacité de stockage et nombre de cuves.

Combien de cuves possède votre installation de récupération de l'eau de pluie
Combien de cuves possède votre installation de récupération de l’eau de pluie

Un peu moins de la moitié des sondés ont préféré installer plusieurs cuves.

Capacité de stockage
Capacité de stockage

Capacité de stockage de l’installation

Près d’un tiers des sondés ont choisi une capacité de 10m3  et plus, c’est la même proportion qui  a choisi des stockages de moins de 3m3.

Pas de règle absolue, car différents facteurs rentrent en compte pour choisir une ou plusieurs cuves : usages, besoins et taille du foyer, précipitations annuelles, répartition des précipitations .

Quel système de filtration

La majorité des sondés (60%) utilisent plusieurs filtres, dont le premier à la descente de gouttière. Cela permet de supprimer les gros résidus, la poussière qui serait entraînée par les premières pluies.

⅓ mettent un filtre après la pompe, donc à la sortie de la cuve et 16% en ajoute un autre à la sortie du robinet.

Note du professionnel

Bien dimensionner sa cuve fait partie du conseil de tout installateur. Un bon dimensionnement est juste essentiel pour la satisfaction et le confort de l’usager.

De nombreux paramètres rentrent en compte :

  • la pluviométrie
  • la distribution de la pluie au cours de l’année
  • la surface de captation
  • l’accessibilité du terrain
  • la taille du foyer
  • les usages souhaités
  • le budget
  • le recherche d’autonomie
  • l’accès au réseau

La pré-filtration est fondamentale pour la qualité de l’eau en sortie. 

Une eau filtrée se conserve mieux, développe moins de bactéries et nécessite moins de traitements en sortie de cuve.

De même, en limitant les dépôts, on limite l’entretien de la cuve elle-même.

Si une cuve de 10m3 coûte environ 1700€, il faut compter un budget total d’environ 7-9000 € en intégrant le transport, les pompes, les filtres, les modifications de plomberie, l’installation.

L’entretien

Cuve

Les personnes qui utilisent une cuve en béton l’entretiennent en moyenne moins d’une fois par an (tout type de cuve confondu).

Ceux qui exploitent une cuve en polyéthylène l’entretiennent plus fréquemment.

En voici les raisons : 

  • Les installations, plus légères, ne sont pas enterrées : la température y est plus élevée et favorise le développement de bactéries.
  • Les installations ne pré-filtrent pas suffisamment les arrivées d’eau, ce qui favorise les dépôts et l’instabilité de l’eau.

Filtres

En moyenne, les filtrent s’entretiennent deux fois par an. 

Mais tout dépend du type de filtre, de la finesse de filtration et de son usage.

Certains nécessitent un simple lavage ou rinçage (grilles,…), d’autres, à cartouches, doivent être remplacées.

En résumé, les installations les plus sophistiquées nécessitent peu d’intervention et d’entretien : 1 fois par an pour les préfiltres, 2 fois par an pour les cartouches.

Les usages

83% utilisent leur eau de pluie pour l’arrosage. C’est la première destination que peuvent satisfaire tous les types d’équipements.

Concernant les usages intérieurs, seuls 37% s’en servent pour les toilettes, 50% pour la lessive, 41,7% pour se laver ou faire la vaisselle.

C’est la même proportion qui l’utilise pour la boisson, (plus que pour faire la cuisine). Cela est rendu possible grâce à l’usage de filtration complémentaire type Berkey qui permet de boire l’eau.

Usage de récupération des eaux de pluie
Usage de récupération des eaux de pluie

Est-ce qu’il existe des moments où la cuve n’est pas utilisable ?

70% des sondés n’ont jamais de période ne permettant pas d’utiliser leur cuve (soit à cause de son entretien, soit parce qu’elle est vide).

Pouvez-vous utiliser l'eau de pluie toute l'année
Pouvez-vous utiliser l’eau de pluie toute l’année

Note du professionnel

Chercher l’autonomie quand on peut se relier aux réseaux est une démarche coûteuse. De plus, compte tenu de l’évolution climatique, il est préférable d’être relié en cas de forte sécheresse, au moins pour des raisons de sécurité d’approvisionnement. 

Satisfaction 

La satisfaction quelle que soit le type d’installation est élevée.

Les cuves en béton apportent le plus de satisfaction. Ainsi que celles, très légères et artisanales, qui permettent de récupérer simplement l’eau de pluie avec un filtre très léger (grillage fin par exemple.

Voici le niveau de satisfaction sur une échelle de 1 à 10. 10 correspondant au niveau maximum de satisfaction. 0 très insatisfait.

Satisfaction
Satisfaction valorisation de l’eau de pluie

Est-ce contraignant ?

Est-ce contraignant de récupérer et de valoriser votre eau de pluie ?
Est-ce contraignant de récupérer et de valoriser votre eau de pluie ?

Là encore la grande majorité des usagers trouvent que leur installation est peu ou pas contraignante;

Les notes de 3/10 ont été attribuées à cause de ces principaux problèmes : filtration insuffisante (cas d’une cuve polyéthylène), surpression insuffisante (cas d’une cuve en béton).

Recommanderiez vous la valorisation des eaux de pluie ?

Recommanderiez vous la valorisation des eaux de pluie ?
Recommanderiez vous la valorisation des eaux de pluie ?

Les trois quarts des sondés attribuent une note de 8 et plus à cette question. Ce qui montre un niveau de satisfaction élevé. Près de la moitié en seraient même des promoteurs assurés.

S’il y avait quelque chose à améliorer ?

Plusieurs personnes ont mentionné l’installation d’une cuve en béton enterrée à la place de la cuve en polyéthylène. C’est l’amélioration qui revient le plus fréquemment.

Puis vient la mise en place d’un stockage plus important pour prévenir les périodes de sécheresses.

Voici d’autres suggestions sous forme de verbatim, qui peuvent être utiles pour prévenir les erreurs d’une nouvelle installation :

  • “le système de surpression est trop petit donc démarre trop souvent. Je devrais mettre un bidon de 100l en tampon pour éviter les démarrages (en plus c’est sur batteries…100% solaire)”
  • “30.000l seraient plus confortables. Filtration avant la cuve à privilégier (filtre nylon à qq microns)”
  • Voici un conseil qui peut être intéressant pour des installations non enterrées:
    “Ne pas surdimensionner le volume de la cuve en fonction de l’utilisation prévue et de la pluviométrie locale, l’idéal étant qu’elle déborde régulièrement pour évacuer tout ce qui flotte à la surface.”
  • “Équiper de bâche noire toutes les cuves” (cas de cuve non enterrées)
  • “En plus de la filtration après pompe je rajouterais une pré filtration à sable avant la cuve…”
  • “installer un dispositif (simple, on peut en trouver sur internet) pour évacuer la première eau de pluie qui lave le toit”

En conclusion.

Les personnes qui valorisent leur eau de pluie en sont très satisfaits, le recommandent, et trouvent le système peu ou pas contraignant du tout.

La satisfaction est plus élevée pour ceux qui utilisent une cuve en béton.

C’est d’ailleurs le conseil que donnerait les personnes qui n’en possèdent pas : passer à une installation plus importante (10-20-30 m3) en cuve en béton, et généraliser les usages.

Pour rappel, boire l’eau de pluie est interdit car contrairement à l’eau du robinet, la météo ne pourrait plus garantir la qualité de l’eau (voir article précédent). 🙁

Cependant de plus en plus d’usagers filtrent leur eau de pluie pour la boire et semblent ne pas s’en porter plus mal. Cela demande cependant quelques précautions permanentes : qualités des filtres, tests de qualité réguliers.

Une installation est amortissable en 8-10 ans si l’on compte les économies réalisées sur les factures d’eau et sur la préservation des installations (plomberie et électroménager).

A cela s’ajoute le plaisir d’utiliser une eau douce, agréable pour tous les usages.

Un investissement amortissable sur un durée maîtrisée, voici qui devrait faciliter l’accès à l’emprunt. L’économie réalisée correspond même au montant de l’emprunt. La durée de vie d’une cuve en béton étant de plusieurs dizaines d’années voire plusieurs générations, l’intérêt sur le long terme devient donc évident.

Pourtant, les banques restent mal à l’aise avec ce type de dispositif. Et les financements sont peu nombreux.

Remerciements

Merci à Thierry Mathon pour ses commentaires.

Thierry opère dans le Nord de la France.

Pour plus d’informations, vous pouvez aller sur celesto.fr

Photo : Image par Krzysztof Pluta de Pixabay 

12 réflexions au sujet de “Valorisation de l’eau de pluie : Résultats du sondage”

  1. Merci Geoffrey pour cet article et cette bonne idée de sondage ! Réutiliser l’eau de pluie même à petite échelle (arrosage du jardin) est essentiel et simple. Je pense qu’il y a aussi beaucoup d’économies d’eau à trouver à l’intérieur de la maison. Par exemple en récupérant l’eau de l’évier de la cuisine pour l’arrosage ou les WC (eau de rinçage et autre sans produit vaisselle). Sur ce dernier point je réfléchis à diverses solutions techniques simples. Je suis preneur d’idées également !

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    • Bonjour François-Xavier,
      oui excellente remarque !
      je ne peux m’empêcher de penser à mes Grands-parents.
      Ils avaient une fosse sceptique et je me rappelais « pomper pour » récupérer quelques arrosoirs pour arroser arbres, fleurs qui se portaient à merveille. Il avait un savoir pour prélever une quantité d’eau sans risquer de déséquilibrer la fosse sceptique.
      De même l’eau de l’évier partait vers un bout du jardin où poussait un gigantesque saule pleureur…
      Tout cela paraissait bizarre pour le citadin que j’étais mais prend tellement de sens aujourd’hui.

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  2. Bonjour, merci pour cet article. Pour ma part, j’habite en ville et j’utilise un gros bidon qui recueille l’eau du toît. J’utilise cette eau pour arroser mes plantes ou pour laver la coure… Ce serait cool de voir comment est-ce qu’on peut la réutiliser en eau pour la toilette, car elle est quand même verdâtre…
    Belle journée à toi

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  3. Super intéressant et très instructif les résultats de ton sondage! Pour ma part, je suis une fan de la récupération d’eau de pluie (j’ai même installé des baignoires pour mes chevaux, comme ça il n’y a presque rien à rajouter – quand il pleut! -)

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  4. Non seulement, les enseignements de cette enquête sont très intéressants, mais en plus ils sont encourageants. Il semblerait qu’essayer c’est adopter ? Personnellement ce serait également une motivation écologique qui me motiverait, même si 800 euros par an (je ne pensais pas tant) c’est une somme ! Vraiment votre article est super bon pour le moral, il me remplit d’optimisme pour les années qui viennent : des solutions existent ! merci Geoffrey

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  5. Bonjour Geoffrey et merci pour les informations partagées dans cet article.
    Je commence mon futur projet de construction et la récupération de l’eau de pluie en fait partie avec la construction d’une grosse cuve béton enterrée de 40 m3 qui semblera énorme, mais me semble raisonnable avec le réchauffement et le fait que je souhaite anticiper et consommer mon eau de pluie, étant donné les tarifs de distribution pratiqué dans ma région.
    Je ne suis pas sûr qu’en autoconstruction, il me faille 10 ans pour amortir cette cuve, il y a le coût de l’installation, mais le prix du mètre cube d’eau distribué rentre aussi en ligne de compte.
    Dans la continuité de mon projet, j’aimerais finaliser avec une phyto-épuration qui finirait par remplir des cuves d’arrosage et des cuves hors-sol.
    1)Pour tempérer l’eau avant arrosage, (imaginer prendre une douche glacer le matin ou le soir) 😬
    2)Pour permettre aux algues vertes (que certains combattent) de se dévelloper et de venir nourrir mes plantes, j’ai constaté des résultats très étonnant en arrosant mes plantes avec cette eau verte plutôt qu’avec une eau de pluie sortie directement de cuves béton.
    Si vous avez quelques conseils en matière de produits vaisselle et lessive qui conviennent en phyto-épuration, je suis preneur pour tester.
    Bonne continuation à toutes et tous dans vos projets quelqu’ils soient 😉.

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  6. Cela fait plusieurs années que je récupère l’eau de pluie pour arroser mes plantes et pour certaines tâches ménagères. En ce qui me concerne, je recommande à 100 % la valorisation des eaux pluviales.

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